#Réduction des méfaits
La réduction des méfaits est une stratégie utilisée dans plusieurs domaines des soins de santé. Par exemple, au lieu de prôner l’abstinence sexuelle, nous préconisons l’utilisation de préservatifs pour réduire le risque de propagation d’infections transmises sexuellement.
La réduction des méfaits est également une approche qui vise à minimiser les torts associés à la consommation de drogues et aux politiques en matière de drogues, sans pour autant exiger que l’individu ait un objectif d’abstinence. Nous sommes conscients que les personnes consommeront toujours de la drogue, soit pour échapper à de la souffrance ou à un traumatisme psychologique, pour soulager une douleur physique, pour stimuler la créativité ou pour accroître le plaisir. Certains membres de l’Alliance offrent des programmes de réduction des méfaits aux utilisateurs de drogues, notamment en offrant des fournitures d’injection et d’inhalation sécuritaires, et des sites d’injection supervisée.
#Les arguments en faveur de la décriminalisation
Le Canada est aux prises avec une crise dévastatrice. Plus de 11 500 personnes sont décédées d’une intoxication aux opioïdes de 2016 à 2018. De ce nombre, 4460 décès sont survenus en 2018. La grande majorité des décès ont été causés par une intoxication accidentelle liée au fentanyl et à ses analogues.
La crise est exacerbée par les politiques actuelles qui criminalisent l’utilisation de drogues et fait des gens qui les consomment des criminels. Les lois antidrogues au Canada tirent leurs origines de lois mises en place à l’époque de la prohibition au début du 20e siècle. Ces politiques n’étaient pas fondées sur des données probantes, mais plutôt sur des préjugés racistes, discriminatoires et moralement injustes au sujet des personnes qui consomment de la drogue. Au cours des années 70, le Canada a imité la « Guerre contre les drogues » du président américain Richard Nixon, ce qui a eu pour effet de légitimer le ciblage et l’incarcération disproportionnés de certains groupes, y compris les personnes pauvres et les minorités raciales. Les lois et politiques actuelles créent des cycles perpétuels de pauvreté, d’itinérance, d’incarcération, de traumatisme, et de marginalisation, entraînant trop souvent la mort.
Des personnes d’un bout à l’autre du pays réclament une nouvelle façon de lutter contre la crise des opioïdes qui continue de s’aggraver. La décriminalisation de la possession et de l’utilisation de drogues élimine les sanctions pénales liées à la possession personnelle et à la consommation de drogues. Des pays de partout dans le monde revendiquent avec succès pour la décriminalisation de la possession de drogues illicites aux fins de consommation personnelle. D’autres pays légalisent, réglementent et distribuent des drogues plus sûres aux gens qui les utilisent.
La décriminalisation peut être mise en œuvre de diverses façons, y compris en abolissant les sanctions pour la consommation de certaines ou de toutes les drogues, en permettant la possession de certaines quantités et en ayant recours à des amendes ou des exigences de traitement. De telles politiques ont engendré :
- une réduction des coûts sociaux, qu’ils soient liés ou non à la santé, qui sont associés à la consommation de drogues, particulièrement au sein des populations vulnérables;
- une diminution de la consommation de drogues chez les jeunes;
- un meilleur accès à des traitements;
- une utilisation accrue des thérapies de substitution médicamenteuse;
- une réduction de la transmission du VIH et de l’hépatite C;
- un déclin dans le nombre de décès liés aux drogues;
- une réduction de l’engorgement dans le système de justice pénale et des coûts qui y sont associés;
- de meilleures relations entre la communauté et le corps policier.
#Approvisionnement sécuritaire
L’approvisionnement de drogues contaminées est au cœur de la crise d’opioïdes, et les programmes d’approvisionnement sécuritaire luttent contre la contamination des drogues à la source. La criminalisation de la possession et de la consommation de drogues force les gens à se tourner vers le marché illicite où la concentration et la toxicité des substances sont inconnues et le risque de méfaits est accru. Les programmes d’approvisionnement sécuritaire vont au-delà des services de consommation supervisée et de traitements en ce qui concerne la réduction des méfaits. Ils font notamment la distribution de substances aux utilisateurs comme alternative aux drogues de rue qui peuvent être contaminées avec des additifs comme le fentanyl. Ces programmes sont déjà sur pied à certains endroits au pays, permettant aux professionnels de la santé d’émettre des ordonnances pour des drogues comme l’hydromorphone et la diacétylmorphine aux gens qui utilisent des opioïdes. En 2019, le gouvernement fédéral a annoncé la mise en œuvre de thérapies utilisant l’hydromorphone ainsi que du financement dédié à l’étude d’options d’approvisionnement sécuritaire.
Le besoin de changements est urgent. Une réorientation de l’approche préconisée par les décideurs concernant les drogues et leur consommation est nécessaire. Une approche de la perspective de la santé publique (plutôt que fondée sur le système de justice pénale) doit être adoptée et les efforts doivent être axés sur l’accès aux soins de santé et aux services sociaux ainsi que sur la réduction des méfaits.
#Passez à l’action
Joignez-vous à nous pour demander au Canada d’adopter des mesures axées sur le droit de la personne et la santé publique pour lutter contre cette crise. Nous demandons :
- la décriminalisation des activités liées à la consommation personnelle de drogues par le gouvernement fédéral;
- une réforme des politiques antidrogues pour faire progresser la mise sur pied d’un approvisionnement sécuritaire réglementé;
- du soutien et du financement pour des organismes communautaires pour la mise sur pied de services et de programmes pouvant sauver des vies;
- une campagne d’éducation exhaustive pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination.
La réduction des méfaits, la décriminalisation et l’approvisionnement sécuritaire permettent aux utilisateurs de drogues de demeurer en vie et en santé et de vivre sans stigmatisation, discrimination et incarcération. Ces mesures donnent le choix et l’autonomie aux personnes pour qu’elles puissent mener une vie stable et enrichissante. Vous pouvez :
- lire et partager la déclaration de l’Alliance sur la décriminalisation et l’approvisionnement sécuritaire
- publier sur Twitter en utilisant les mots-clics #approvisionnementsécuritaire # décriminalisation #équitéensanté #onpoli
Ressources :
- Déclaration sur la décriminalisation et un approvisionnement sécuritaire
- Vidéo : Why drug prohibition and criminalization has failed
- Fiche d’information sur la réduction des méfaits et la crise des surdoses (2018) - (anglais/français)
- Lettre ouverte (en anglais) à la ministre de la Santé concernant la décision relative aux sites de consommation et de traitement (avril 2019)
- Santé Canada : Les méfaits et les décès liés aux opioïdes au Canada (juin 2019)
- Santé publique Ontario : L’outil interactif sur les opioïdes
- Institut canadien d’information sur la santé : Opioïdes au Canada
- CATIE : La réduction des méfaits à l’œuvre : Les services de consommation supervisée et les sites de prévention des surdoses (2018)
- La communauté de pratique nationale sur l'approvisionnement plus sécuritaire
Médias :
- Healthy Debate: Urgent call on clinicians: Prescribe alternatives to poisoned drug supply (19 juin 2019)
- Decriminalization is one powerful force to ease the overdose crisis (10 septembre 2018)
- CBC News: How Europe’s Heroin Capital Solved its Overdose Crisis